Coordination d’axe : Peppe Cavallari, Joël Colloc, Béatrice Galinon-Mélénec, Fabienne Martin-Juchat
La théorie externaliste et de la cognition incarnée (Varela, Maturana, 1994), les modèles biologiques et systémiques (Lenay, 2018), l’« anthropologie de l’émotion » (Martin-Juchat, 2008, 2016, 2022) et l’anthropo-sémiotique de l’ « Homme-trace » (Galinon-Mélénec, 2008, 2011, 2019, 2020) constituent le cadre théorique initial de cet axe. Les notions de “signe-trace” et de “corps-trace” associés au paradigme de l’Homme-trace permettent de convoquer des analyses pluridisciplinaires portant sur la perception et l’interprétation des signes d’émotion et d’empathie, leurs impacts relationnel, corporel et gestuel et leurs utilisations par l’I.A. (Colloc, 2024). Les questions phénoménologiques qui découlent dans ce contexte sont mises en perspective en prenant en compte divers courants historiques de pensée, comme, par exemple, celui de Kant qui distingue la « chose en soi » et le phénomène qui se manifeste dans le perçu, ou celui de Merleau-Ponty qui situe la perception comme étant déjà une simulation de l’action.
Dans le contexte du groupe de recherches InterGestes, ces notions aboutissent à étudier une phénoménologie des gestes qui souligne que la reconnaissance et la compréhension des gestes d’autrui est un facteur crucial de la dimension humaine des gestes. Quels « signes-traces » permettent à l’humain de détecter qu’un geste provient d’un autre humain ou d’une machine ? Que se passe-t-il quand un geste humain est reconnu par une machine ? Nous solliciterons des chercheurs issus de plusieurs disciplines en vue de produire une pensée complexe (Morin, 2014) laquelle constitue le référentiel de l’Unitwin UNESCO CS DC dans lequel nous nous inscrivons. Cependant, notre point de départ est bien anthropologique. Quand nous observons la matérialité, ce qui nous intéresse est son rapport à l’humain. Quand nous étudions ses prolongements, c’est pour comprendre les projections que l’Homme effectue pour l’humanité (Gebauer, Wulf, 2004). Dans cet axe, les développements que nous étudions passent par les écrans (Jeanneret, 2015) entre lesquels et dans lesquels évolue la technogenèse du visage (Zilio, 2018) et le geste de sa « lettrure » (Souchier, 2013). A terme, nous visons une classification des différents exemples de « visagerie numérique » (Cavallari, 2018, 2021) pour comprendre comment celle-ci s’intègre à « l’histoire du visage », un visage considéré ici non pas comme objet mais comme relation. Nous allons étudier comment nous “faisons visage” dans les échanges numériques, en les mettant en tension avec la reconnaissance des contenus émotionnels, une émotion dont la spécificité se nourrit de la relation entre l’espace psychique individuel et les dynamiques sociales, collectives et publiques.
Domaines de thématisation :
- -pratiques numériques (profilage, identité numérique, réseaux sociaux, communication à distance) ;
- -santé, relation médecin-patient, soins, thérapie.
Axes analytiques de la technologie de la reconnaissance des émotions :
- Le rôle du visage dans les relations humaines à l’époque du numérique ;
- L’apport des recherches en anthropologie et en sémiotique dans la reconnaissance des émotions ;
- Les effets sociétaux de l’usage de la reconnaissance faciale, de sa circulation dans l’espace social et de son usage par les institutions ;
- La construction phénoménologique de l’e. santé : les effets sur la relation médecin-patient. Questionnements phénoménologiques de la généralisation de l’e. santé.
Mots clés :
Communication, société numérique, visage, interactions humain-machine, écrans, gestes, corps, perception, cognition incarnée, émotion, affect, corps-trace, signe-trace.
Contacts :
Peppe Cavallari : peppe.cavallari@gmail.com
Joël Colloc : joel.colloc@univ-lehavre.fr
Béatrice Galinon-Mélénec : beatrice.galinon-melenec@univ-lehavre.fr
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